La fameuse date du 25 mai est derrière nous et pour beaucoup
d'entreprises, les TPE-PME en particulier, rien n'a changé... du
moins à priori !
Je crois d'ailleurs qu'il est préférable de ne pas céder à la
panique de la nouvelle loi RGPD. Non pas par esprit rebelle, mais
plutôt parce que jusqu'alors les recommandations de la CNIL
n'étaient pas respectées pleinement. Et à ma connaissance rares
sont les sociétés qui se sont vu pénalisées. Pourtant des
sanctions étaient déjà prévues en cas d'infraction aux règles.
Comment être certain que le bouleversement et les sanctions
annoncées auront réellement lieu à partir du 25 mai ? La réponse
sera connue d'ici un an, voire deux.
D'emblée, je tiens à préciser qu'il n'est pas question ici
d'intervenir en tant que juriste spécialiste de la RGPD. Déjà, car
je ne suis pas juriste, mais aussi car il y en a
beaucoup et ils participent d'ailleurs largement à semer la peur
chez les entrepreneurs. Ce que nous listerons n'est donc pas
exhaustif et certaines subtilités pourraient donc être manquantes.
Mais cela nous aidera au moins à comprendre le changement à
envisager pour l'avenir en ce qui concerne l'acquisition de
contacts sur le web. C'est d'ailleurs l'objet de cet article et la
raison pour laquelle il a été écrit après le 25 mai.
Le changement
que je préconise est à comprendre comme une suite logique plutôt
qu'une mise en règle à une date précise.
Des conséquences différentes pour chaque type
de société
Selon le domaine d'activité exercé, le fait de respecter la
nouvelle loi aura des conséquences très différentes. Facebook et
Google, eux, n'auront à priori pas trop de mal à s'adapter aux
nouvelles conditions et continueront à faire fructifier les
données personnelles qu'ils détiennent. Les sociétés qui font peu
appel à la prospection téléphonique n'auront à priori, elles non
plus, pas trop de difficultés à s'adapter.
Mais qu'en est-il
des secteurs un peu plus délicats où la
prospection téléphonique est à ce jour quasi-obligatoire ?
Nous allons éclairer la situation et tenter d'apporter une solution en s'appuyant sur
des stratégies rodées. Mais avant cela, voyons ensemble ce qui
devrait déjà être en place pour respecter la nouvelle loi.
Prouver le consentement des abonnés...Sinon rien !
Nous avons tous reçu des mails des plus gros acteurs du web nous
demandant un petit clic pour continuer à recevoir leurs
newsletters. C'était en effet un des points importants de la mise
en conformité. Chaque société doit désormais pouvoir prouver le
consentement explicite de leurs utilisateurs quant à l'utilisation de
leurs données. Si ce n'était pas le cas pour les utilisateurs déjà
présents dans la base de données,
la société devait alors obtenir
à nouveau leur consentement avant le 25 mai 2018. Puis garder une
trace de la réponse. Voilà donc la raison de tous ces emails. Voyons ça comme un
grand nettoyage à vos frais, comme toujours.
Et si on jetait votre base de
données à la poubelle ?
Cette première obligation de grand nettoyage me parait un peu
exagérée.
Ce n'est pas comme si avant le 25 mai l'envoi d'emails n'était
pas réglementé.
Il était déjà obligatoire d'ajouter un
lien de désabonnement en bas de chaque email. Et oui, il était déjà
d'actualité avant le 25 mai que lorsqu'une société a un gros taux
de mails déclarés en indésirable, elle se voyait bloquer sa base
de données par le service d'envoi d'email auquel elle fait appel
(Mailjet, Mailchimp, Sendgrid etc...).
De surcroît, il était peu courant d'envoyer des newsletters à un
prospect sans que celui-ci ait lui-même fourni ses coordonnées à
la société. Je trouve donc dommage, alors que rien n'avait
vraiment été prévu
en matière de traçabilité, d'imposer à une société de jeter à la
poubelle sa base de données si elle n'avait pas gardé les preuves de
consentement.
J'écris jeter à la poubelle, car c'est en réalité ce à
quoi correspond le fait de demander à ses prospects s'ils
souhaitent toujours être sollicités.
Je ne souhaite pas à ce stade de lecture que vous pensiez que mon
opinion est tranchée face à ce qui a été décidé par le
gouvernement, car ce n'est pas le cas. Seul ce premier point me
parait injuste, voire intolérable et je tenais à exprimer mon
ressenti.
Un nouveau métier et un nouveau petit
abonnement
Avant d'aborder les points qui concernent directement la
stratégie d'achat de contact, je vous propose de noter sur un
post-it qu'il faut penser à nommer un responsable de la protection
de vos données utilisateurs.
Difficile de connaître avec exactitude les risques liés à cette
responsabilité. Ce nouveau responsable semble devoir être garant
quant à
la conformité du traitement des données personnelles de vos
utilisateurs.
Nous pouvons légitimement penser que s'il est vraiment
responsable, il vous imposera des pratiques contraignantes, à
l'instar d'un commissaire aux comptes et que ses honoraires seront
considérables, toujours à l'instar d'un commissaire aux comptes.
Si en revanche il se décharge de tout,
il faudra
simplement prévoir un petit abonnement, 50€ environ, pour
une société spécialisée dans le traitement à la chaîne de l'aspect
RGPD.
Positivons, un nouveau métier est né !
Concrètement, il se passe quoi de nouveau
maintenant ?
Abordons maintenant ce qui m’importe le plus en tant que
Web-Marketeur. L'acquisition de leads et en particulier pour les
sociétés de service qui ont besoin d'obtenir le numéro de
téléphone en vu d'une prospection téléphonique. Par exemple, pour les
domaines de l'immobilier, la
défiscalisation, le courtage qu'EFFICONEX affectionne
particulièrement. Je vais être concis, car il n'est pas
nécessaire de s'étendre.
Si vous utilisez des formulaires de contact de type téléchargement
de livre blanc, simulation, envoi de documentation, etc.... voici
les deux règles à respecter que nous illustrerons d'un exemple
ensuite.
1) Il doit être clairement indiqué sur votre formulaire ce pour
quoi les internautes entrent leurs informations personnelles.
Jusqu'ici, pas trop de soucis. Quoique.
2) Les informations personnelles demandées en plus doivent être
accompagnées d'une case à cocher qui indiquera à quoi elles
serviront.
Prenons en exemple le téléchargement d'un livre blanc.
Si vous proposez aux internautes la réception d'un PDF par email,
seul l'adresse email de l'internaute devrait être demandée. Et si
vous souhaitez en plus le numéro de téléphone du prospect pour
pouvoir le démarcher, il faudra rajouter une case à cocher,
indiquant qu'en la cochant l'internaute accepte d'être démarché
par téléphone.
Prenons maintenant en exemple une demande de crédit pour un
prêt immobilier.
Le sujet est moins sensible que le précédent. Néanmoins, il
faudra être clair sur le formulaire de demande si l'on souhaite
recontacter le prospect par téléphone. Il conviendra peut-être de
remplacer "Votre simulation en ligne" par "Un conseiller vous
rappelle".
Voilà. La bombe est lâchée. Certains d'entre-vous ont peut-être
déjà pris conscience à ce stade de ce que cela implique. Je crois
que nous sommes assez peu nombreux à aimer être démarchés par
téléphone. Les taux de transformation des formulaires risquent
donc d'être divisés par deux ou trois voire beaucoup plus. Et donc le prix
des contacts proportionnellement plus cher.
Il conviendra aussi de prévoir une mention sur le profilage de
vos contacts (par revenu, âge, etc...). Ainsi si vous utilisez un
CRM, il conviendra d’apporter quelques mentions supplémentaires.
Prospection téléphonique et réelles difficultés
Je ne suis pas certain des conséquences de cette nouvelle loi sur
les différents types d'activité, mais il me parait évident que les
sociétés qui prospectent par téléphone rencontreront de réelles
difficultés si elles mentionnent clairement sur le formulaire leur
intention d'appeler le contact. Mais surtout si elles ne changent pas leurs méthodes d'acquisition. Prenons également en
considération que
même si la loi n'est pas rigoureusement
appliquée, le comportement du consommateur, lui, a déjà commencé à
changer. Et cette loi va accélérer les choses, car certains gros
acteurs vont la respecter. Autant prévoir un changement de méthode
à court ou moyen terme. Une nouvelle ère démarre.
Annoncer clairement les appels des commerciaux... une bonne idée
?
Si jusqu'alors la méthode consistant à offrir un document ou un
service gratuit (guide, livre blanc, simulation...) fonctionnait
plutôt bien pour démarcher le prospect en suivant, je crains, comme
je viens de l'évoquer, que les choses changent si celui-ci doit accepter
explicitement d'être
démarché par un commercial. Sans doute parce qu’en général il ne
connaît pas encore la société à ce stade. Comment faire alors ? Offrir le
document ou le service avec le numéro de téléphone de la société
visible et attendre que le prospect appelle lui même ? Euh, je doute
des
résultats si nous en restons là.
Utiliser les réseaux sociaux, donner sans
rétention avant d'obtenir les informations personnelles du
prospect !
En fait, pour nous marketeurs, la situation est assez limpide,
car nous appliquons déjà des nouvelles méthodes qui consistent à
chauffer notre audience avant de leur demander des informations
personnelles sensibles. Cela passe par exemple par des articles
comme celui que vous lisez actuellement. Mais le plus efficace à
l'heure actuelle est la création de vidéos ou de lives, pendant
lesquels un thème en particulier est abordé. Nous pouvons y
ajouter une séance de questions réponses en seconde partie et
terminer avec une incitation à l'action. Cette incitation à l'action pourrait être : la vente
d'une formation, d'un produit, d'un service ou même une prise de rendez-vous dans les locaux de
l'entreprise pour une étude gratuite.
EFFICONEX gère aussi d'autres secteurs que ceux cités plus haut. Nous avons appliqué
ces méthodes et
les résultats sont de très loin meilleurs
qu'avec les anciennes méthodes.
Nouvelle méthode résumée en 3 points
Retenons de cette nouvelle stratégie d'acquisition, les étapes
suivantes :
1)
Faire en sorte que le contact nous suive, en général sur les
réseaux sociaux car le prospect n'a pas besoin d'indiquer
d'informations personnelles, ne serait-ce qu'un email, à une
société inconnue.
2)
Chauffer l'audience en prouvant une expertise sans aucune
rétention d'information.
3)
Proposer une offre, une action. Cela dépend du secteur
d'activité.
Nous sommes là dans une stratégie de Community Management, et je
ne suis pas là pour raconter des bêtises, ça ne va pas être facile
et ça a un coût. Surtout en terme de temps et d'implication. Il y a
du pain sur la planche, mais ce n'est pas l'objet de cet article.
L'orientation produit, un levier plus facile
Cela fait maintenant plus d'un an que j'explique à mes clients du
secteur de la défiscalisation immobilière, que s'ils veulent
atteindre de nouveaux prospects en mettant en avant leur
expertise, ils doivent passer par du Community Management en
appliquant la méthode décrite précédemment. Je suis conscient que
c'est un virage à 90° pour une société. Dans le cas où ce n'est pas possible, il
vaut alors mieux axer son marketing sur le
produit, dans notre cas, l'immobilier.
Il sera bien plus facile de
proposer clairement à un prospect froid de le rappeler pour lui
présenter un bien immobilier que pour étudier sa situation
patrimoniale. Cette stratégie est déjà appliquée chez EFFICONEX et
fonctionne très bien. Particulièrement sur Facebook, mais nous
déclinons à l'heure actuelle la même chose sur d'autres réseaux.
Le remarketing sur des produits similaires, s'il est bien mené,
peut aussi être un très bon moyen de captation, mais il demande des efforts techniques.
Je préfère acheter du contact à des
vendeurs de leads !
À ce stade, nous pourrions conclure qu'il est préférable d'acheter
des contacts à des sociétés spécialisées, nommons-les, les
vendeurs de leads. Mais
est-il raisonnable de penser que ces sociétés pourront continuer à
vendre des contacts en respectant ce que nous venons d'aborder ?
Et comment pourraient-ils faire évoluer leur stratégie en mettant
en avant une expertise ou un produit puisqu'il ne s'agit pas de
leur propre
domaine d'activité ? Plus difficile encore, comment obtenir de
l'internaute qu'il accepte de voir son numéro de mobile revendu à trois
professionnels qui le rappelleront ? Cela me parait assez compliqué.
L'argent VS l'expertise et sa mise en valeur
Si je doute que la stabilité des TPE-PME ait été considérée
lors de l’élaboration de cette nouvelle loi, je suis certain d'une
chose: elle va nous pousser, tous, à avancer, à penser
davantage à mettre en avant notre expertise sur le web.
Il me semble que le web et les nouvelles technologies nous
poussent dans le bon sens. Souvenons-nous de l’évolution dont nous
a fait bénéficier l'arrivée de Tripadvisor. N'est-il pas agréable de
pouvoir aller
au restaurant en s'assurant au préalable des avis des internautes
? La qualité des plats d'un restaurant et de son service
l'emportent maintenant sur l'emplacement. Un gros loyer pour un
bon emplacement n'est plus gage d'un restaurant rempli. Et
si nous
devions faire une analogie pour notre sujet, nous pourrions dire qu'une
grosse trésorerie pour acheter du contact prêt à être démarché, ne sera
non seulement peut-être plus suffisant, mais pire, plus possible car
plus légal.